Le Drac, c’est ce démon occitan protéiforme doué du don de métamorphose qui s’évertue à jouer des tours aux humain·es. La bûche qui craque dans l’âtre, une monture faussement attentionnée qui précipite ses cavaliers dans un cours d’eau, le métro en retard, le téléphone qui nous refuse obstinément la 4G, sont autant de ses avatars. Il est désordre, mouvement, sème le doute sur la nature des choses et des êtres qui nous entourent.
Du rock sans guitare, du jazz fait transe : c’est cette ambivalence, parfois jouissive, parfois déroutante, souvent irrésistible qui réunit les projets portés par L’Antre du Drac. On y rencontre ainsi des tambours qui conversent avec des synthétiseurs, une trompette faite drone modulaire, une harangue occitane aux accents de pop anglaise. À l’image du Drac provençal, reptile des cours d’eau à tête humaine, les groupes de l’Antre nous observent, surgissent inopinément dans notre monde et donnent en spectacle leur hybridité constitutive : du turbo-jazz de Bøl à la pop modulaire de Louie Z en passant par la transe électro bruitiste de AyAy, la transe-rock bestiale de Feràmia, les dialogues candombe de YAWT, le trad ambient de Tornade Spectrale, les récits du bassin méditerranéen portés par Anouck et les performances audiovisuelles jazz électronique de JEROSZ et ambient industrial d’Ayant.
Mais le Drac n’est pas un austère et invincible dragon qui ne saurait qu’être dompté par un héros si peu humain : il perturbe, mais n’en reste pas moins joueur. Ainsi, les groupes du Drac ne s’enferment pas dans leur Antre. Ils cherchent cet espace, cette place publique où rencontrer des oreilles qui entendront dans cette langue rafistolée des mots et des grammaires familiers, souvent la musique du corps, la danse et la transe, parfois la mélodie. Autant d’ancres auxquelles la perception se rattache pour affronter ces rafales d’expérimentation de timbres et de mélange des genres. C’est dans ces pas de côté symétriques que naît cette rencontre entre un public et des musicien·nes qui destinent leurs sons aux autres, que les musiques du Drac se construisent.
L’Antre du Drac accompagne ainsi les musicien·nes et leurs créations par la diffusion, la promotion, le conseil, l’édition phonographique et la production de spectacles, en mutualisant les moyens humains, logistiques et financiers. Ces pratiques collaboratives sont à l’image de la tradition des contes, un savoir vivant qui se transmet par la parole et se transforme à l’usage.
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